Conçu en 2014, ce site est né de la volonté de tester une innovation pédagogique communément appelée « classe inversée », une méthode que j’ai voulu mettre en place avec une classe de première de section ES du lycée de Montgeron (académie de Versailles), sur un chapitre. Il m’a également permis de mettre à disposition de mes élèves de terminale les cours distribués dans l’année (et perdus par les étourdis…), ou encore des épreuves de Bac et leurs corrigés.
Quelques mots sur la classe inversée
La classe inversée a pour principe fondamental d'échanger les activités de l'élève à la maison et en classe.
A défaut d'un cours magistral en classe, je demandais donc à mes élèves de regarder des "capsules" vidéos à la maison, dans lesquelles j'expliquais les points essentiels du cours. Cette écoute a également été cadrée par un cours papier traditionnel. Enfin, la compréhension de ce cours était testée lors de rapides questionnaires en ligne.
Le temps en classe était alors utilisé pour travailler individuellement sur des exercices ou des activités, pendant lesquels j’étais disponible pour répondre aux questions de chaque élève ou groupes d’élèves.
NB : les vidéos et les questionnaires sont toujours en ligne dans la rubrique lycée, puis première.
Retour sur mon expérience
Cette expérience a été enrichissante, tant de mon point du vue que de celui des élèves, que je remercie d’ailleurs pour leur confiance, leur patience (quand ça ne marchait pas !) et leur bonne volonté.
Je me suis malgré tout heurtée à certaines difficultés :
- l’accès à internet :
Si celui-ci s’est bien sûr largement démocratisé ces dernières années, et si les adolescents sont de manière générale bien équipés, voire mieux que nous, celui-ci peut ponctuellement poser problème : il n’est pas toujours évident pour l’enseignant de mettre en ligne une vidéo sans souci, et pour les élèves d’y accéder. D’ailleurs, il n’est pas certain que je puisse à nouveau mettre en place cette expérience, après avoir changé d’académie pour retrouver (avec bonheur je le précise) une zone rurale : après quelques sondages dans mes classes, force est de constater que plusieurs familles ne disposent pas d’un accès à internet.
- le cours reste magistral :
En effet, les vidéos mises en ligne présentent un cours magistral, face auquel l’élève a finalement peu de place… L’alternative à ce problème résidait alors dans le questionnaire en ligne qui suivait la vidéo et que les élèves devaient remplir : j’avais accès à leurs réponses en temps réel, chez moi et nous en faisions le bilan en classe. Le cours en classe commençait donc par un bilan sur ce qui avait été compris, ou non, dans la vidéo, et sur leurs résultats au questionnaire, avant de se lancer dans les exercices individuels. L’avantage de ce cours magistral était en revanche de pouvoir être visionné plusieurs fois si besoin (moment parfois difficile à gérer en classe en revanche…).
- être disponible pour tous les élèves
Ce problème n’est pas spécifique à la classe inversée. Lors des exercices individuels en classe, j’étais sollicitée par tellement d’élèves en même temps qu’il était parfois difficile de satisfaire toutes leurs demandes. L’expérience étant nouvelle pour eux, l’autonomie qu’elle nécessite de leur part n’était alors peut être pas encore suffisamment développée.
- des élèves qui font du « sur-place »
Le rythme imposé par un cours « classique » ayant disparu, certains élèves sont restés longtemps sur les exercices de départ, sans doute par difficulté au début, mais peut être aussi un peu par confort ensuite, pour ne pas se confronter à des énoncés plus complexes, sur lesquels ils étaient à nouveau en difficulté. Je reconnais que j’ai ici une part de responsabilité : il faudrait sans doute imposer un calendrier avec certaines échéances, et éventuellement présenter à quel genre d’évaluation finale ils pourraient faire face.
- l'évaluation
A ce stade, pas évident de faire une évaluation globale à des élèves qui n’ont pas tous abordé les mêmes exercices. Là encore, présenter une, ou plusieurs évaluations finales pourrait constituer un début de solution. Certains enseignants proposent vraisemblablement des évaluations différentes, choix qui me paraît pour l’instant difficile.
Bien que j’aie surtout évoqué les difficultés, cette pédagogie a aussi des qualités : elle place l’élève au coeur des apprentissages et lui laisse (mais à tort ou à raison ?), une grande responsabilité dans ceux-ci. Elle oblige ainsi chaque élève à travailler, chacun d’eux étant chargé d’un travail adapté à son niveau, le « prétexte » d’incompréhension souvent évoqué par les élèves bloqués n’ayant plus sa place ni sa validité. Elle a aussi permis d’apprécier un travail d’entraide entre élèves, ainsi que la disparition de la sensation d’ennui que peuvent éprouver parfois certains élèves dotés de facilités lors des exercices dits « de gamme ».
Loin de moi l’idée que cette pédagogie résout tous les problèmes rencontrés en classe, ni même qu’elle soit meilleure, mais elle présente des aspects intéressants, dans l’optique de l’utilisation du numérique dans l’éducation d’aujourd’hui et de demain.
Cette année, je vise l’utilisation de ce site plutôt comme un complément à mes cours en classe, qu’une véritable classe inversée, mais je n’abandonne pas l’idée de cette pédagogie pour autant, en y apportant quelques correctifs la prochaine fois.
Si, en tant qu’enseignant, vous avez rencontré les mêmes difficultés et/ou si vous avez trouvé une solution pour y pallier, je serais ravie que vous m’en fassiez part.
Plus d'infos sur la pratique de la classe inversée dans la rubrique "Plus de ressources ».